Rasolofonjaona Mahery Lorenzo notre jeune ingénieur très mavitrika avait une mission bien spéciale durant notre dernier chantier : c’était de monitorer l’utilisation de l’eau. Au début cela frustrait tout le monde car les cahiers de charges indiquaient bien la responsabilité des entreprises dans leur bonne gestion rationnelle. Mais au bout du compte le maître d’oeuvre a dû s’atteler à la tâche ingrate de faire la police.
Cela a pu aussi nous “upgrader” dans des procédures hypra rigoureuses de gestion vertueuse de cette ressource devenue très rare sur Madagascar. Surtout nous pouvons maintenant prétendre, avec statistiques à l’appui, que nos chantiers s’inscrivent fondamentalement dans un management durable et frugale depuis les phases études – nous allons en transport collectif, de motos ou mutualisé sur nos sites même en provinces et n’imprimons presque plus de papier sans compte le travail totalement en distanciel depuis 2017- et maintenant nos chantiers visent à devenir de plus en plus écologiques.
Nous avons donc pu annoncer officiellement dans cette phase de port-mortem qui inclut la levée des réserves, la remise du manuel de maintenance et de la clôture des avancements contradictoires et financiers, que la consommation mensuelle sur site s’élève à environ 20 m3 avec un pic de 38.9 m3 lors de la phase des infrastructures et gros oeuvres. J’ai donc demandé à l’IA si nous étions bien inscrits dans nos ambitions à travers une étude très pointue (avec des chiffres très précs) que vous lirez avec plaisir.
________
Antananarivo fait face à une situation critique en matière d’accès à l’eau potable. La ville, qui repose sur une plaine inondable, voit ses rivières et ses nappes phréatiques polluées par une urbanisation mal contrôlée et le manque d’infrastructures de traitement. De plus, la croissance démographique rapide exerce une pression énorme sur les ressources hydriques déjà limitées. L’accès à l’eau est souvent irrégulier, particulièrement dans les quartiers défavorisés, et le réseau de distribution ne couvre pas toute la ville, imposant l’utilisation de puits privés ou de sources informelles. En parallèle, les besoins en eau dans le secteur du bâtiment augmentent, à la fois pour la fabrication des matériaux, les travaux de construction, et l’usage quotidien sur les chantiers, y compris pour les ouvriers. Cette situation rend crucial le choix de matériaux économes en eau.
Dans le cadre des projets de construction menés par des entreprises formelles de BTP, un cahier des charges rigoureux est établi pour réguler l’utilisation de l’eau. Ce cahier spécifie que l’eau utilisée doit respecter des critères de qualité, notamment être exempte de polluants, de sédiments et de matières organiques. L’eau propre est nécessaire pour le mélange du béton, la préparation des mortiers, le cure des structures et l’entretien du chantier. En général, il est estimé que pendant 4 mois de travaux d’exécution qu’un chantier de 1000 m² requiert environ 50 litres d’eau par jour pour les besoins de base des ouvriers, incluant la boisson, les sanitaires, et les usages divers comme le nettoyage des outils. Pour chaque mètre carré de surface construite, une entreprise de BTP bien établie utilisera environ 10 à 12 litres d’eau pour ses opérations courantes hors fabrication des matériaux. Or pour un chantier de 1000 m² sur deux niveaux (soit 2000 m² de surface construite), l’eau est principalement consommée pour la fabrication des matériaux et les opérations de construction. Ainsi chaque matériau a un impact différent sur cette consommation. Comme nous avons perpétuellement des sceptiques parmi nos lecteurs, j’ai proposé donc de comparer nos matériaux habituels :
Cas #1 : Remplissage en brique de terre cuite
La brique de terre cuite, souvent fabriquée de manière traditionnelle sur les berges des rivières à Antananarivo, nécessite une grande quantité d’eau pour sa production. Lors de la phase de cuisson, l’eau est indirectement utilisée dans le processus de moulage et de séchage. Il est estimé qu’environ 200 litres d’eau sont nécessaires par mètre carré de surface murale pour la fabrication des briques sur les sites traditionnels.
Dans ce cas, pour 600 m² de murs, la fabrication des briques représenterait environ 120 m³ d’eau. En ajoutant la consommation d’eau pour le mortier utilisé sur le chantier (environ 30 litres d’eau par mètre carré de mur), cela représente 18 m³ d’eau supplémentaires. La structure en béton armé requiert quant à elle environ 75 m³ d’eau pour la préparation du béton (incluant le cure).
Ainsi, la consommation totale d’eau pour un chantier avec remplissage en brique de terre cuite serait d’environ 213 m³ (120 m³ pour la fabrication, 18 m³ pour le mortier, et 75 m³ pour la structure en béton armé).
Cas #2 : Remplissage en parpaing
Le parpaing, plus industriel dans sa fabrication, consomme environ 150 litres d’eau par mètre carré de mur en raison du procédé de production qui nécessite l’humidification du ciment et des granulats.
Pour 600 m² de murs, la fabrication des parpaings utiliserait donc environ 90 m³ d’eau. En termes de consommation d’eau sur le chantier pour le mortier, on estime environ 25 litres par mètre carré, soit 15 m³ d’eau. La structure en béton armé, similaire au cas précédent, consomme environ 75 m³ d’eau.
Le total pour un chantier avec des parpaings s’élève donc à environ 180 m³ d’eau (90 m³ pour la fabrication, 15 m³ pour le mortier, et 75 m³ pour la structure).
Cas #3 : Remplissage en brique de terre compressée (BTC)
La brique de terre compressée (BTC) se distingue par son processus de fabrication beaucoup plus économe en eau, surtout lorsqu’elle n’est pas stabilisée. En moyenne, la fabrication de BTC nécessite environ 20 litres d’eau par mètre carré de mur, principalement pour la compression des briques.
Pour 600 m² de murs, cela représente environ 12 m³ d’eau. De plus, la BTC peut être posée sans mortier ou avec un mortier minimal, ce qui réduit encore la consommation d’eau sur le chantier. Pour cette estimation, nous considérons l’option sans mortier. La structure en béton armé consomme toujours 75 m³ d’eau, mais il n’y a pas de consommation supplémentaire pour le mortier.
Le total pour un chantier avec BTC serait donc d’environ 87 m³ d’eau (12 m³ pour la fabrication et 75 m³ pour la structure).
Comparé aux autres matériaux, la brique de terre compressée (BTC) offre un avantage environnemental clair en termes de consommation d’eau. Avec un total de 87 m³ d’eau pour un chantier de 1000 m² sur deux niveaux, elle représente une réduction de plus de 50 % par rapport aux parpaings (180 m³) et de plus de 60 % par rapport aux briques de terre cuite (213 m³). Cette économie d’eau, conjuguée à la possibilité d’un chantier sans mortier pour les BTC, en fait un choix particulièrement judicieux dans des contextes où la gestion des ressources hydriques est cruciale, comme c’est le cas à Antananarivo.
_______
ah aha ahah on a bien très bien approché ce volume d’eau consommé dans nos relevés et Lorenzo (ainsi que toute l’équipe) peuvent maintenant se targuer dans leurs CV que ce projet est presque aussi écologique et durable sur papier qu’en réalité !