Est-ce que toutes les villes de Madagascar aspirent vraiment à devenir Antananarivo ? La question est pertinente quand on voit à quel point l’histoire de la centralisation s’est enracinée, remontant déjà à Radama Ier, qui, dès le XIXe siècle, imposait un modèle urbanistique et administratif calqué sur Antananarivo à d’autres régions du pays. Ce modèle, symbolisé par le Trano Kotona en bois, résidence de ses Ragova, puis le Trano Gasy en terre cuite, reflète un désir de centraliser les territoires sous une même bannière bien Merina. Mais est-ce toujours applicable ?

Dès cette époque, les territoires Sakalava, Betsimisaraka, Bara, et autres tribus ont vu débarquer non seulement une armée, mais surtout une administration Merina imposant son urbanisme. J’ai encore à trouver cet ouvrage bien foisonnant d’informations qui me décrirait, à la manière d’un A. Mille, les principes d’établissement des colonies Merina sur ces territoires. Cette centralisation urbanistique, bien qu’historique, mérite d’être réexaminée aujourd’hui, d’autant plus que des villes comme Fort-Dauphin montrent qu’il est possible de prendre une direction différente et plus autonome.

Grâce au partenariat entre QIT Madagascar Minerals (QMM), filiale de Rio Tinto, et la ville, un système énergétique unique a vu le jour. Ce partenariat, ancré dans des accords fiscaux et des engagements de responsabilité sociale, a permis à la ville de bénéficier d’une centrale solaire de 8 MW et d’un parc éolien de 12 MW, lancés en 2022 et 2023 respectivement. Le résultat ? Une ville autonome énergétiquement, en grande partie grâce aux énergies renouvelables.

Du côté de Fianarantsoa, le partenariat avec Le Relais Madagascar et la création de FAKOFIA en 2013 sont un autre exemple de ce qu’une gestion locale peut accomplir. En traitant plus de 1 000 tonnes de déchets par mois, le centre de tri et de valorisation des déchets transforme 75 % des déchets organiques en compost biologique (certifié Ecocert) utilisé localement. Le reste est recyclé ou traité selon des normes strictes. Ce modèle de gestion a permis à la ville de se doter d’une infrastructure de gestion des déchets autonome et durable.

En Afrique du Sud, Durban a pris une autre voie en développant des partenariats pour la gestion de l’eau et des déchets. Le projet Durban Water Recycling (DWR), lancé en 2001, traite 47 500 m³ d’eaux usées quotidiennement, libérant ainsi de l’eau potable pour 400 000 habitants supplémentaires. Ce projet, réalisé en partenariat avec Veolia, a permis une réduction des coûts et un accès accru à l’eau recyclée pour l’industrie locale, à un coût deux fois inférieur à celui de l’eau potable​. De plus, le Durban Landfill Gas to Electricity Project, lancé en 2003, a généré 10 MW d’électricité en convertissant les gaz de décharge, réduisant ainsi les émissions de CO₂ de 700 000 tonnes en 2017, et fournissant de l’électricité à 500 foyers​.

De son côté, Medellín, autrefois connue pour la violence, a redéfini sa planification urbaine grâce au Projet Urbano Integral (PUI), intégrant les quartiers informels dans la ville à travers des infrastructures publiques et des espaces verts, prouvant que des partenariats bien pensés peuvent transformer une ville entière.

Ces exemples, de Madagascar local et à l’international, soulignent la nécessité de laisser chaque ville suivre son propre chemin. Le Rapport Urbain de la Banque Mondiale rappelle que d’ici 2035, la population urbaine de Madagascar va doubler, avec 60 % de cette croissance concentrée dans les villes secondaires. Il est donc crucial d’investir dans des infrastructures et des partenariats qui respectent les spécificités locales pour permettre à ces villes de devenir des moteurs de développement

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