8 ans à donner de mon temps à l’Ordre, sans jamais facturer une minute de téléphonie ni un kilomètre parcouru. 4 ans d’enseignement dans le Supérieur, et toujours dans l’attente des salaires qui ne sont jamais venus. 2 ans à consacrer plus de 15 heures par semaine en bénévolat au Guichet Unique du Permis de Construire de la Commune Urbaine d’Antananarivo.

L’engagement volontaire, ça ne se chiffre pas, c’est vrai, et ça se porte avec humilité. Quand on est née un jour de la Saint Modeste, on apprend vite à relativiser ce genre de choses. Mais demain, je dois quand même présenter mon profil sur le premier slide de mon intervention devant les jeunes recrues de la filière génie civil à l’IST-T. Et vu qu’il n’y a pas encore beaucoup d’architectes dans ce pays — à peine 65 pour 28 millions d’habitants — et aucune école d’architecture reconnue par l’UNESCO-UIA, il y a tellement de chose à raconter autour de ma profession. Je dois donc révéler que le “miasa talàta peut être rentable pour sa carrière”.

“L’engagement social pour les professions du bâtiment et de l’aménagement dans un pays en voie de développement” – un titre bien long pour des jeunes qui ont eu leur Bac 24 ans après moi. Et surtout… la plupart sont nés l’année où j’ai obtenu ma Maîtrise en Architecture au Canada. Ça ne nous rajeunit pas.

Pendant mes années d’enseignement, j’ai bien sûr reconnu une soif de savoir et tellement de talent, mais quasiment aucune expérience en matière d’engagement social. Mon discours sera simple : “Fais ce que tu aimes, fais-le bien, fais-le pour t’améliorer et bien gagner ta vie, mais surtout fais-le pour le bien.”

Je sais que ma présentation transpirera la passion. Certains slides, plus que d’autres, parleront de genre dans le secteur et, bien sûr, d’éthique. Encourager ces jeunes à s’investir en temps, énergie et argent dans des causes si éloignées d’une société lancée dans une course effrénée vers le libéralisme demande un langage presque emprunté à la prêche. *The gospel.* On ne va pas espérer créer des vocations immédiatement, mais déjà semer des graines. Et dans quelques années, quel plaisir de reconnaître certains d’entre eux parmi ses collègues, que ce soit sur un chantier ou autour d’un #yabufé.

Voici quelques idées d’associations promouvant le développement des communautés engagées dans notre secteur :

– Association des Professionnels de l’Urbanisme de Madagascar (APUM): L’APUM œuvre pour un urbanisme durable et un aménagement du territoire inclusif. Ils organisent des ateliers, des séminaires et des formations, où les jeunes peuvent s’impliquer activement dans des projets urbains novateurs et des initiatives locales.

– Architectes Sans Frontières Madagascar : Engagée dans des projets de construction humanitaire, cette association soutient les populations les plus vulnérables en réalisant des infrastructures essentielles, souvent après des catastrophes naturelles. C’est une excellente plateforme pour les jeunes désireux de combiner leur expertise avec un fort engagement social.

– Croix Rouge Malagasy : Acteur incontournable dans les interventions d’urgence et les projets de reconstruction après sinistres, la Croix Rouge offre aussi des opportunités dans le secteur de l’habitat et de la réhabilitation urbaine. Leur engagement humanitaire permet d’apprendre sur le terrain tout en répondant à des besoins concrets des communautés.

– Collectif Tany : Ce collectif est engagé dans la défense des terres et des droits fonciers, souvent impactés par des projets d’urbanisation rapide. Ils offrent un cadre idéal pour ceux qui souhaitent s’investir dans la protection des terres et des droits communautaires en lien avec l’aménagement du territoire.

Bien sûr, quelques-uns vont me contacter en signalant : “Madame, je n’ai obtenu aucun retour de ces associations, ils ne répondent pas au mail et quand j’appelle, ils n’ont pas le temps.” Hummm… que dire… peut-être commencer par le commencement et mieux s’entraîner à postuler et à réseauter ? Le Salon du RSE est un bon terrain d’exercice. Assister aux conférences, acquérir les bons éléments de langage, les connaissances du milieu, et juste apprendre à se comporter dans un autre environnement, bien différent de celui de la famille, des amis, ou de l’école.

Le savoir-être est aussi important que les compétences techniques. Savoir comment approcher un interlocuteur, montrer de l’intérêt sans être insistant, comprendre la culture de l’organisation et s’adapter aux différents contextes professionnels, c’est ce qui fait la différence. Réseauter, ce n’est pas seulement envoyer des mails ou passer des appels, c’est être présent, écouter, observer et savoir quand et comment se manifester. Un mail bien rédigé, une attitude proactive lors d’un événement, ou un simple remerciement après une interaction peuvent ouvrir plus de portes qu’on ne l’imagine.

Photo : moi en 2008 en mode Diaspo qui créé son ONG et qui s’investit dans un domaine rien à voir ddans sa spécialité. qui rencontre les gens du monde entier mais surtout pleins de jeunes des 4 coins de Madagascar maintenant devenus tafa be vous vous reconnaîtrez bisoux be

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