Je vais voter pour la troisième fois pour les élections communales le mois prochain à Antananarivo, où je réside, spécifiquement pour la liste du cinquième arrondissement, le plus grand en superficie. Des 2 expériences précédentes, je n’ai retenu qu’aucun organigramme n’avait intégré des architectes. d’ailleurs dans aucune des grandes villes de Madagascar. Quel dommage.

À Antananarivo, comme dans beaucoup de villes de Madagascar, le rôle des architectes dans les organigrammes municipaux est souvent absent ou très limité. Contrairement à certaines villes du Sud global, où les architectes sont intégrés dans les départements d’urbanisme, à Antananarivo, il n’y a pas d’architectes institutionnalisés dans les structures municipales.

En l’absence de cette structure, l’Ordre des Architectes Malagasy (OAM), lors de la mise en application de l’Arrêté intégrant un architecte dans la Commission Technique d’Instruction du Permis de Construire, et les cabinets privés interviennent ponctuellement, souvent sur demande des autorités ou des investisseurs privés, pour des projets spécifiques comme lors de la conception et rénovation/extension de la Bibliothèque Municipale d’Antananarivo, mais ils ne sont pas intégrés directement dans les organigrammes de la gestion municipale quotidienne. Cette situation conduit à des lacunes en termes de planification urbaine cohérente et durable.

En général, les services d’urbanisme de la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) se concentrent surtout sur des tâches administratives et techniques telles que la délivrance des permis de construire, mais les architectes ne sont pas toujours impliqués dans la conception des politiques urbaines à grande échelle. Ils ne sont d’ailleurs invités que pour estomper les pratiques top-down lors des grandes réunions. Ces expertistes internes auraient pu aider plus efficacement certains problèmes récurrents, comme la construction informelle, la mauvaise gestion des zones inondables, et le manque de vision à long terme pour le développement urbain.

La reconnaissance du rôle essentiel des architectes dans les organigrammes municipaux serait un levier important pour améliorer la qualité du cadre bâti à Antananarivo. Lorsqu’il y a un département garni par des architectes, voici quelques belles inspirations de descriptions de postes :

– Jakarta : Les architectes employés par la Jakarta Capital City Government sont chargés de la conception et de la réhabilitation des quartiers urbains densément peuplés, particulièrement en matière de logements à faible coût et de gestion des risques dans une ville sujette aux inondations. Ils travaillent sur des projets visant à renforcer la résilience des infrastructures tout en assurant un développement équitable des différentes zones urbaines.

– Dar es Salaam, Tanzanie : À Dar es Salaam, des architectes travaillent dans le Dar es Salaam City Council où ils jouent un rôle clé dans les efforts de résilience urbaine contre les effets du changement climatique. Leur travail se concentre sur la planification des infrastructures résilientes comme les systèmes de drainage, les routes et les logements en zones à risques. Ils participent également à l’élaboration des plans directeurs d’urbanisme pour guider la croissance de la ville en accord avec les objectifs de développement durable.

Un des défis pour l’avenir serait d’intégrer les architectes dans la gouvernance urbaine pour concevoir des solutions à la fois durables et adaptées aux besoins locaux. Lorsqu’on décide carrément d’élire un architecte comme maire, voici le modèle de Jamie Lerner à Curitiba, une agglomération de plus de 3 000 000 d’habitants au Brésil :

Pendant ses 12 années en fonction, Lerner a conçu de nombreuses solutions innovantes et peu coûteuses pour les problèmes urbains de Curitiba. Par exemple, aux débuts du système de transport en commun, pour en augmenter le financement et encourager l’utilisation, il a créé une loterie municipale où les tickets de bus faisaient office de billets de loterie. Pour lutter contre le problème croissant des déchets à Curitiba, il a mis en place des incitations au recyclage, comme l’échange de bouteilles, de canettes et d’autres recyclables contre de la nourriture. Lerner croyait en la mise en œuvre rapide des projets — en seulement 72 heures, il a transformé le centre-ville en la première zone piétonne du Brésil.

Interview avec PBS
De nombreuses fois, on m’a demandé : « Quel est le processus pour changer une ville ? » Après ces 32 années, je peux dire qu’il faut une volonté politique, une vision solidaire et une équation de co-responsabilité pour véritablement transformer une ville. Et quand les gens comprennent cette équation, ils savent comment partager les idées. Chaque fois que j’entends “c’est trop difficile” ou “cette ville est trop grande”, cela me rend fou. Maintenant, je peux dire qu’il est possible de faire des changements importants dans n’importe quelle ville en moins de deux ans. Ce n’est pas une question d’argent, mais de savoir comment transformer chaque problème en solution. Si vous avez un problème, vous devez créer une équation de co-responsabilité.

The Road to Curitiba, article du New York Times
En tant que maire, Lerner a utilisé des solutions non conventionnelles face aux défis géographiques de Curitiba. Comme de nombreuses villes, Curitiba est bordée par des plaines inondables. Alors que des villes plus riches, comme La Nouvelle-Orléans et Sacramento, ont construit des systèmes coûteux de digues, Curitiba a acheté les terres inondables et en a fait des parcs. La ville est désormais parmi les leaders mondiaux en matière de superficie de parcs par habitant. Curitiba avait le problème d’être une ville du tiers monde, incapable de se permettre les équipements nécessaires à l’entretien de ces parcs. La réponse innovante a été l’introduction de moutons municipaux pour maintenir la végétation sous contrôle, dont la laine finance des programmes pour enfants.

j’ai entendu et continue d’entendre des excuses à 2 balles et des explications interminables sur l’absence des architectes de manière permanente dans les municipalités et autres institutions. pour avoir sincèrement avec toute l’honnêteté du monde, intégré plusieurs entités et institutions de manière volontaire et en connaissance de cause telle une oie blanche bien naïve, mon seul constat sera simple : à Madagascar il faudra toujours des architectes partout où cela touche à l’Acte de Bâtir. point barre.

Photo : cette époque où rien qu’une silhouette bien sombre et humble suffisait pour marquer une présence lourde en expertise, significations et en engagement.

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