Partir très loin, très longtemps, toute seule, ça exige de l’adaptation et de l’ntégration. avec mes compagnons virtuels de l’époque, Liria à Genève et Ratia à Bordeaux, sur Caramail, sur MSN, moi à Montréal, on était persuadés d’être les seuls étudiants en architecture venus de Madagascar. On s’était mutuellement validé que le virus du workaholisme était viable, et que la meilleure thérapie consistait en d’interminables réflexions nocturnes. Pire encore, on cultivait une émulation quasi obsessionnelle du perfectionnisme. Je rigole encore en repensant à ce jour où on s’était fixé comme objectif de redessiner le drapeau malgache. Je ne sais même pas si on s’est déjà croisés IRL, mais une chose est sûre : ils font partie des personnes que je respecte le plus.
Fastforward, 20 ans plus tard : 2022. Débordée par la saison des PFE et les nombreuses demandes de stage, j’ai décidé d’ouvrir, une fois de plus, un nouveau groupe en ligne. Cette fois-ci, l’idée était simple : reproduire notre expérience en partageant connaissances et opportunités. On était devenus des seniors, chacun bien établi dans son coin du globe, et je me suis dit qu’il était temps d’élargir un peu notre cercle. la plupart avaient déjà contacté Joan pour des conseils ou des recommandations. En réponse, elle les ajoutait au groupe, en comptant sur la bienveillance des autres membres pour les accueillir.
F. avait un peu galéré durant un stage chez nous, et A. a fait un stage chez elle une fois devenue architecte. S. continue de chercher des infos sur l’urbanisme de Majunga. on a toujours nos « tontons » mentors qui aiment raconter leurs charrettes d’autrefois et les comparer à celles d’aujourd’hui (perso, j’ai enchaîné trois nuits blanches récemment, et là je suis sous Ibuprofène, K.O.). il y a aussi les bonnes nouvelles qui circulent de temps en temps, pour sortir un peu de nos longs silences, parce que, oui, on a tous une vie bien remplie : on est architectes.
ce groupe rassemble des jeunes passionnés venus d’au moins une demi-douzaine de pays, tous unis par un amour profond pour Madagascar. J’aurais adoré qu’il existe une école d’architecture ici, histoire qu’on puisse aller encore plus loin