Pin ou eucalyptus ? Palissandre ou katrafay ? Hazoala… ou franchement, je ne sais pas trop, parce que je n’ai jamais eu les connaissances nécessaires pour identifier avec précision quelle essence est adaptée à quel usage. Une honte ? Peut-être. Mais c’est aussi la réalité : comme beaucoup d’architectes exerçant à Madagascar, je me suis formée sur des structures et des techniques en bois venues d’ailleurs. Surtout pas d’ici (merci à l’absence d’école d’architecture au pays pour ça).

Depuis 12 ans que je suis rentrée, je me contente prudemment d’utiliser des essences locales uniquement si elles sont bien sourcées et seulement sur de petites surfaces. Mais voilà qu’on s’investit dans des projets dans l’Atsinanana et l’Analanjirofo, régions où le bois n’est pas juste un matériau : c’est une culture, une réponse climatique, une évidence. Là, il ne s’agit plus de simplement poser quelques planches, mais de repenser l’ensemble – structure, ornementation, et tout ce qui va avec.

Et c’est là que le dilemme surgit. Pas sur la technicité : après des années de pratique au Québec et quatre ans à enseigner à l’IST-T sur l’architecture en bois, je connais mes détails d’assemblage. Non, le problème, c’est la responsabilité. La forêt exploitable de Madagascar n’existe presque plus, et ce qui reste devrait être préservé en priorité. Alors, comment concilier design ambitieux, matériaux locaux et durabilité ?

Par où commencer ? Retourner aux bases. Littéralement. Le fameux TBM de plus de 900 pages. Oui, les jeunes (et même les architectes expérimentés), ce pavé reste une mine d’or malgré son âge vénérable. Sauf qu’en 2024, plonger dans ces traités, c’est aussi se heurter à une réalité bien différente : le bois exploitable devient rare, et chaque choix de matériau est une décision éthique autant qu’esthétique.

Et maintenant, j’en viens à ma question : comment intégrer l’usage du bois dans une architecture responsable à Madagascar ? Existe-t-il une démarche, des sources ou des techniques que nous, praticiens et enseignants, devrions explorer pour équilibrer tradition, innovation et préservation ?

Pour enrichir ma réflexion, j’ai posé la question à l’IA. Mais je suis aussi curieuse de savoir ce que VOUS en pensez. Avec la date du séminaire qui approche, les réunions qui se multiplient, et ma présentation à affiner, je commence un peu à paniquer. Mais bon, sous pression, les meilleures idées jaillissent… Enfin, j’espère.

Réflexions sur l’usage éthique des essences de bois
1. Comment intégrer l’usage du bois dans une architecture responsable à Madagascar ?
* Privilégier les essences locales et bien sourcées : Certaines essences locales, comme le katrafay ou le palissandre, sont réputées pour leur durabilité. Cependant, leur exploitation excessive a rendu ces ressources rares. Travailler avec des fournisseurs certifiés ou s’associer à des ONG spécialisées permettrait d’assurer un approvisionnement éthique et durable.
* Réhabiliter les savoir-faire traditionnels : Des régions comme l’Atsinanana regorgent d’un patrimoine architectural en bois qui allie efficacité et adaptation climatique. Les maisons traditionnelles en madriers d’eucalyptus ou de katrafay offrent une ventilation naturelle et une excellente résistance à l’humidité, des qualités à valoriser dans des projets contemporains.
* Optimiser l’utilisation du bois : Les technologies modernes comme le lamellé-collé (assemblage de petits morceaux de bois en poutres solides) ou les panneaux massifs croisés (CLT – Cross-Laminated Timber) permettent de réduire le gaspillage et d’améliorer l’efficacité des matériaux.
* Développer une formation nationale :Il est essentiel d’introduire des modules dédiés aux essences locales et à leur mise en œuvre dans les cursus des architectes et des artisans. Par exemple, le Projet Formapro-BTP intègre déjà un volet sur la construction en bois pour former des techniciens spécialisés dont la Formation Licence Pro Bois entre IST-T et ESSA-Forêts, un modèle à renforcer et à étendre.

2. Quelles démarches, sources ou techniques peuvent être explorées ?
* Cartographier les ressources disponibles :Une étude approfondie des essences locales adaptées à la construction est indispensable. Le FOFIFA (Centre National de Recherche Appliquée au Développement Rural) pourrait jouer un rôle clé dans cette démarche.
* Valoriser le recyclage et la réutilisation :Intégrer une économie circulaire en récupérant le bois de démolition pour de nouveaux projets. Ce bois, souvent de grande qualité (palissandre, bois de rose), peut être revalorisé dans des constructions haut de gamme ou des projets expérimentaux.
* Expérimenter des structures hybrides :L’utilisation de combinaisons bois-acier ou bois-béton permet d’optimiser les propriétés mécaniques de chaque matériau tout en réduisant la consommation de bois massif.Référence : tellement de projets à travers le monde pas grand chose chez nous mais on démarre doucement
* Apprendre des initiatives régionales et internationales :S’inspirer de projets dans l’Océan Indien et en Afrique, tels que les maisons en bois durable au Ghana ou les constructions innovantes du MASS Design Group au Rwanda, qui allient modernité, tradition et respect de l’environnement.

3. Par où commencer ?
* Sensibiliser et partager des connaissances :La création d’un guide pratique dédié à l’architecture en bois malagasy pourrait structurer les pratiques locales. Un modèle à suivre serait le Guide technique sur l’usage du bois en Afrique de l’Ouest (FAO), qui propose des solutions adaptées aux contextes tropicaux.
* Créer des partenariats stratégiques :Collaborer avec des acteurs clés comme le WWF Madagascar, le Ministère de l’Environnement, et des entreprises locales investies dans le reboisement, pour mettre en place une chaîne de valeur durable autour du bois.
* Lancer un projet pilote :Initier un chantier expérimental dans la région de l’Atsinanana pour tester ces idées en conditions réelles. Ce projet pourrait inclure :
* L’utilisation d’essences locales certifiées et bien sourcées.
* Une collaboration avec des artisans locaux pour valoriser les savoir-faire traditionnels.
* Une documentation accessible à tous pour partager les enseignements et inspirer d’autres initiatives.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *