L’histoire de la brique de terre cuite à Madagascar trouve ses origines au XIXe siècle avec l’introduction de techniques de construction par Jean Laborde et les missionnaires anglais. On pourrait éventuellement trouver quelque chose quelque part pour justifier notre attachement aux fours à briques mais vraisemblablement nous ne pourrons pas monter plus loin. Laborde, qui s’installe sur les Hauts-Plateaux dans les années 1830 sous Ranavalona I, joue un rôle crucial dans la modernisation de l’industrie locale. Il introduit des techniques européennes pour la production de briques, destinées à renforcer les infrastructures royales et publiques et s’enrichur grâce à ses ateliers. À la même époque, les missionnaires anglais de la London Missionary Society, tels que William Ellis, encouragent l’utilisation de la brique dans la construction d’écoles et d’églises, formant ainsi les artisans locaux aux nouvelles techniques de construction. Alors que Laborde s’attelait à moderniser l’industrie pour répondre aux besoins du royaume merina, les missionnaires avaient une approche plus diffuse et communautaire, contribuant à la propagation de la brique cuite au-delà des cercles royaux. Mais la diffusion du modèle trano gasy, plus inspiré de l’architecture créole et anglaise, souvent qualifié de « colonialisme architectural », illustre comment l’introduction de la brique cuite et des formes architecturales occidentales modifie l’identité urbaine des Hautes Terres. La brique devient un symbole de modernité et de durabilité, promue par les autorités coloniales pour les bâtiments publics et privés. Au XXe siècle, les missionnaires norvégiens, installés principalement à Antsirabe, ont contribué à cette évolution. Ils ont popularisé l’usage de la brique cuite dans les infrastructures sociales comme les écoles et les hôpitaux.

L’industrie de la brique de terre cuite est aujourd’hui un acteur économique de premier plan à Madagascar, employant des milliers de personnes, notamment dans les Hautes Terres. En 2023, environ 300 millions de briques sont produites chaque année, ce qui témoigne de l’importance de ce matériau dans le secteur de la construction. Les prix des briques oscillent entre 200 et 400 Ariary par unité, selon la région et la qualité, rendant ce matériau relativement abordable et accessible. Cette industrie est alimentée par une main-d’œuvre migrante qui se déplace en fonction des saisons, notamment pendant la saison sèche. Des milliers de travailleurs, souvent originaires des zones rurales, se rendent dans les zones de production pour participer à la fabrication de briques, un travail exigeant et souvent mal rémunéré.

Cependant, cette industrie pose de graves problèmes environnementaux. La cuisson des briques nécessite des quantités énormes de bois. Il est estimé qu’il faut environ 20 stères de bois (1 stère = 1 m³ fendu en 1 mL) pour cuire 10 m³ de briques de terre cuite. Les essences de bois utilisées proviennent souvent de forêts non régulées, exacerbant ainsi la déforestation dans plusieurs régions de Madagascar, notamment dans les Hautes Terres et les zones autour d’Antananarivo. Les espèces les plus couramment utilisées incluent le pin, l’eucalyptus, et parfois des bois indigènes comme le tapia ou le varongy, en raison de leur disponibilité locale. La pression exercée sur ces ressources naturelles est immense, et la consommation continue de bois pour la fabrication des briques menace les écosystèmes déjà fragiles de l’île. De plus, l’exploitation informelle de l’argile, principale matière première des briques, contribue à l’érosion des sols et déstabilise les paysages.

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