Un beau midi début 2021, sortant d’une réunion accablante où des noms d’oiseaux volaient au-dessus des pizzas, je me suis retrouvée devant le practice de golf. J’étais là pour manger mon stress et j’ai fini par apprendre à canaliser mes nerfs en pagaille vers un seul objectif : la maîtrise de soi. Ingérable. Ce mot raisonne encore dans ma tête, tel que mes amis — qui se reconnaîtront — m’ont décrite. Ma réputation m’ayant précédée, ces nouveaux amis m’avaient googlée chez des connaissances de bonne foi et à cheveux gominés, fomba tsy hita izay maha ratsy azy. Ils n’avaient pas vraiment exploré mon blog et n’auraient jamais pensé que je n’avais jamais eu besoin de demander de l’aide à quiconque pour construire, avec succès à coups de sang froid et de sueur avec mon équipe, 1200 m² en briques de terre crue dans les mines de Moramanga chez le maître d’ouvrage le plus standardisé de l’océan indien.

Ils n’auraient jamais imaginé que cette petite Jogany, toute mahay vava soit-elle, passait ses week-ends et ses moments libres à éduquer ses enfants dans la discipline sportive la plus élégante et complète, tant sur le plan physique que dans le développement personnel. “Maman, on a réussi un birdie au trou #1 parce qu’on a enfin su utiliser notre club comme il fallait.” “Dis Papa, peux-tu s’il te plaît me remettre la vidéo où le champion est sorti du bunker ?”Voilà comment nos conversations s’animent lorsque nous ne débattons pas des performances de Hamilton, car l’une de mes filles a décidé qu’elle sera ingénieure mécanique. Selon son analyse, la F1 “est une œuvre d’art.” (Bon, avant-hier, elle voulait devenir avocate et elle pense déjà revenir au tennis, alors nous restons dans l’extase du moment.) Bref, vous l’avez compris, comme tous les parents du monde, nous avons misé tous nos moyens sur nos enfants.

je profite donc de ce post pour remercier le monde du golf d’être devenu la famille dont nous avions tant besoin. Les tontons et les taties, tellement bienveillants et généreux en conseils, qui n’hésitent pas à leur consacrer un peu de temps sur le parcours et à discuter de ceci et cela durant le fameux 19e trou. L’Étiquette. Rah la la la la. Cette fameuse droiture anglaise qui nous manquait tant depuis le Canada et que nous retrouvons dans le jeu enseigné par le coach Fils et nos caddies, devenus amis de la famille. Et bon, soyons honnêtes : qui ne préférerait pas voir ses enfants se dédier 4 heures pour du sport plutôt que de se faire harceler par les garçons à Tana Water Front ?!? (Un grand merci aux dames de la librairie Lecture et Loisirs qui ont bien voulu abriter nos filles lorsqu’elles ont été poursuivies par des ados ratsy taiza).

Mais c’est ce matin, justement, j’étais partie sur un long post dégoulinant d’émotions mais mon post balèze s’est perdu dans les abysses d’Instagram car interrompu par l’appel de ce chargé de projet craintif (je sens encore sa voix trembler dans son mail de suivi ) donc ce matin même que je réalise que, oui, j’ai enfin accédé au niveau 5 de l’entregent, du très bon savoir-être et du poker face dans ce monde impitoyable d’Antananarivo, pire que Dallas. Et bien que je ne pratique que tous les solstices et équinoxes à la montée descendante de la Lune vue mon emploi du temps : j’ai la certitude que c’est grâce au golf que je suis enfin devenue ingérable Pro Max.

Efa tafa be aho hoa.

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