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Pour mieux comprendre la pratique de l’architecture en Afrique, je vous recommande vivement de consulter l’ouvrage “Sub-Saharan Africa: Architectural Guide”, édité par Philipp Meuser, Adil Dalbai et Livingston Musaka chez DOM Publishers https://dom-publishers.com/products/sub-saharan-africa. Il offre des informations importantes sur les différentes périodes de la pratique de l’architecture en Afrique, allant de la période pré-coloniale à la période coloniale et post-indépendance. Cela aide à contextualiser la situation actuelle de l’architecture sur le continent. Le texte évoque également des exemples concrets de pays africains, tels que le Mozambique, le Malawi et l’Afrique du Sud, en mettant en lumière les défis et les évolutions de la profession d’architecte dans ces régions. Enfin, il souligne comment la perte des valeurs traditionnelles africaines dans la construction a influencé l’architecture et l’urbanisme contemporains.

Le Mozambique comptait seulement 6 architectes à la suite de son indépendance. Ce vide a été rapidement comblé par l’arrivée d’expatriés, dont certains n’avaient pas de motivations bienveillantes pour promouvoir une éthique professionnelle dans un pays en plein développement, susceptible d’être affecté par la corruption. En 1980, un ministère dédié à l’aménagement du territoire et à l’habitat a été établi, mettant en évidence la nécessité de créer une école d’architecture à l’Université Eduardo Mundlane. Les premiers diplômés sont entrés sur le marché du travail en 1991.

Au Malawi, Matiam Mdoko est devenue la première femme à présider l’Ordre des Architectes. Le Malawi Institute of Architects (MIA) compte seulement 40 professionnels pour une population de 17 millions d’habitants, ce qui équivaut à un architecte pour 425 000 habitants. L’école d’architecture, située à l’Université de Business and Applied Sciences du Malawi, collabore avec le MIA pour former la prochaine génération d’architectes.

En Afrique du Sud, même sous le régime de l’apartheid, la première école d’architecture a été établie à l’Université de Witwatersrand en 1923. Le chapitre intitulé “African Cosmology and Architecture” offre un éclairage sur l’état actuel de la pratique de l’architecture au 21e siècle, en se concentrant principalement sur l’Afrique du Sud. Il souligne que la grande majorité des architectes du continent ont été formés exclusivement en Occident, malgré l’existence d’écoles indigènes dans leurs pays d’origine. Cette situation a conduit à une perte des valeurs traditionnelles africaines dans la construction, impactant l’architecture et l’urbanisme. Cela a également entraîné une déperdition dans la transmission des croyances ancestrales, de l’adaptation à l’environnement et du symbolisme social. La maîtrise de l’espace et de la construction, qui était si importante dans la cosmogonie africaine, s’est ainsi progressivement perdue.

Pour Madagascar, qui n’a pas véritablement innové dans ses pratiques et n’a pas suffisamment puisé dans ses traditions, il n’est pas surprenant de constater que le secteur de l’architecture soit en retard, tant en termes d’application des réglementations que d’élévation des normes pour les adapter aux ambitions de développement récurrentes que dans l’originalité de la conception du design au-delà de soubresauts d’inspirés à qui aurait l’opportunité d’avoir un maître d’ouvrage visionnaire. L’amalgame de tous ces maux s’est réalisé dans le grave incendie survenu il y a 24 heures à Behoririka, un lieu qui avait déjà été le théâtre d’un incendie meurtrier lors de la crise de 2009. Il est frappant de constater que les incendies touchent fréquemment les habitations précaires en bois et en tôle occupées par des migrants victimes d’exploitation par des marchands de sommeil, et ce dans tout Madagascar. Les réponses à ces problèmes sont souvent des discours bien formulés sur la nécessité d’améliorer la réglementation et le contrôle de la construction. Cependant, la promulgation de l’Arrêté sur les Règles Générales de Construction, qui est en cours de rédaction et de révision depuis 2015, année de la nouvelle Loi sur l’Habitat et l’Urbanisme, est continuellement repoussée. De plus, la création d’une école d’architecture malgache, voire son accréditation par l’UIA, est régulièrement évoquée, mais sans grande avancée concrète.

Tout cela semble malheureusement relever de la routine mais l’Ordre des Architectes Malagasy, qui a été formalisée en 1993 (et qui ne sera qu’effective à la création de son 1er Conseil National qu’en 2011) a réussi à évoluer dans un processus très régulier d’alternances dans sa gouvernance et ses activités.

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quelques leçons à tirer de la Grande et très récente Histoire de la formalisation à la pratique en architecture dans quelques pays référents d’où sont diplômés les architectes africains.

FRANCE

Jusqu’en 1867, date de l’institution du diplôme d’architecte de l’École des Beaux-Arts, aucune loi n’obligeait à faire appel aux architectes. Le code Guadet de la fin du xixe siècle constituait la seule règle professionnelle à laquelle les architectes pouvaient se référer. Ce premier code des devoirs professionnels engage le processus qui mènera à la création de l’ordre.

En France, l’architecture, comme activité professionnelle, d’enseignement et de recherche, n’a jamais relevé de l’Université. Elle a longtemps été sous la tutelle de l’Académie royale d’architecture, puis après la Révolution de la section architecture de l’Académie des beaux-arts qui s’occupait de la formation des architectes, de l’amélioration de la discipline et des modalités de la concurrence professionnelle, en particulier des concours publics et des prix d’émulation.

L’Ordre des architectes a été créé en France d’après un projet de Jean Zay, ministre de l’Instruction publique dont dépendait alors la direction des Beaux-Arts (qui est devenu le ministère de la Culture). Ce projet est devenu effectif par une loi, promulguée le 31 décembre 1940 par le Régime de Vichy et réactualisée en 1977, qui définit l’architecture relativement à l’intérêt public comme une activité à vocation d’abord artistique, puis culturelle

UK

Le Royal Institute of British Architects (RIBA) est un organisme professionnel destiné aux architectes principalement au Royaume-Uni, mais aussi à l’échelle internationale, fondé pour l’avancement de l’architecture en vertu de sa charte royale accordée en 1837, de trois chartes supplémentaires et d’une nouvelle charte accordée en 1971.

Aux XIXe et XXe siècles, le RIBA et ses membres ont joué un rôle de premier plan dans la promotion de l’enseignement de l’architecture au Royaume-Uni, notamment par la création du Conseil d’enregistrement des architectes du Royaume-Uni (ARCUK) et du Conseil de l’enseignement de l’architecture sous l’égide du Lois sur les architectes (enregistrement), 1931 à 1938.[13][14]

USA

L’American Institute of Architects (AIA) a été fondé en 1857 à New York par un groupe de treize architectes. À l’époque, il n’existait pas d’écoles d’architecture ni de lois sur les licences aux États-Unis, permettant à quiconque de prétendre être architecte.
Les premières écoles d’architecture aux États-Unis comprenaient le Massachusetts Institute of Technology (1868), Cornell (1871), l’Université de l’Illinois (1873), l’Université de Columbia (1881) et Tuskegee (1881).
En 1897, l’Illinois a été le premier État des États-Unis à adopter une loi sur les licences pour les architectes. D’autres États ont suivi lentement au cours des 50 années suivantes. Aujourd’hui, une licence professionnelle est exigée pour tous les architectes qui exercent aux États-Unis. Les normes d’octroi de licences sont réglementées par le Conseil national des conseils d’enregistrement des architectes (NCARB).

photo : des étudiants en génie civil de l’Institut de Technologie de Tananarive dessinant à main levée la maison Zafimaniry et ses détails, la Rumah Adat dont le Trano Kotona malgache tire son origine, etc. pour le cours “Architecture Bois” que j’ai enseiggné 4 ans.

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