un client ne m’a plus jamais rappelée. Je lui avais alors expliqué que sa parcelle de moins de 500 m² était problématique, comme le stipule l’article 42 de la loi n°2015-052 sur l’Urbanisme et l’Habitat : « Il est interdit de procéder à une opération de lotissement ou à la construction d’un immeuble sur une parcelle de terrain d’une superficie inférieure à cinq cent (500) mètres carrés. » et y résoudre ses droits d’ouverture en mitoyenneté suivant son projet aurait relevé du génie de Zaha Hadid ! Tojo a trouvé que j’y étais allée un peu fort. Pourtant, j’avais servi du thé et des textes. Vérifier la conformité du terrain sur le site de l’Aménagement du Territoire https://observatoire-territoire.mg/carte/#/carte/map-siloat, suivre les démarches avec sa Commune tout en recrutant un architecte pour vous conseiller.

c’est basique. Normal. La normalité, quoi.

Au fil des années, j’ai passé des nuits blanches à étudier ces textes et à approfondir ma compréhension des lois qui régissent le secteur de la construction et de l’aménagement à Madagascar. Et pourtant, quand on creuse vraiment, il n’y a pas grand-chose de concret à exploiter. Avec des collègues, à Nosy-Be, où nous travaillons depuis deux ans sur une réforme, nous avons passé des heures à nous quizzer sur des cas pratiques et les lois. C’est un exercice gratifiant dans les cas où nous parvenons à résoudre une énigme juridique ensemble, mais cela sollicite tellement en expérience et expertise et en compromis.

Un de mes confrères, probablement le plus érudit que je connaisse en ce qui concerne les histoires derrière l’Histoire de l’Architecture à Madagascar, Frédéric Piet Leclercq, m’avait racontée que le fameux T.B.M. (Tout Bâtiment de Madagascar) a été à l’origine de l’établissement des normes dans de nombreux pays africains. Pourtant, ici, sous le tropique du Capricorne, nous, les architectes qui pratiquons depuis quelques dizaines d’années ou moins, ignorions souvent l’existence de cet ouvrage fondamental. Honnêtement, j’ai moi-même obtenu ma copie du T.B.M. lors de la journée professionnelle des architectes de 2015, grâce au Bureau des Normes. Son Directeur Général M. Séraphin Razafimahafaly, venu animer cette journée, nous avait d’ailleurs partagé toute sa frustration de constater que trop peu de professionnels se mobilisent pour la normalisation des matériaux et la mise en place des textes réglementaires.

Le T.B.M., véritable pilier de la réglementation architecturale à Madagascar, regroupe des règles techniques essentielles à la construction. Il couvre des domaines cruciaux tels que la résistance des matériaux (Section 3), les fondations adaptées aux conditions sismiques (Section 7), et l’assainissement des eaux pluviales (Section 9). Ces articles offrent des directives précieuses pour garantir des bâtiments sûrs et durables face aux défis climatiques et géologiques du pays.

Toutefois, certaines mises à jour se sont limitées à des petites normes spécifiques. Un bon exemple est la norme paracyclonique du CPGU (Centre de Prévention et de Gestion des Urgences), qui fixe des exigences pour la résistance des bâtiments aux cyclones. Cependant, cette norme ne s’applique qu’aux bâtiments d’un seul étage pour les autres usages que l’habitation qui est à R+3, limitant son utilité dans un contexte où la construction de plusieurs niveaux devient plus fréquente. Bien que ces révisions soient nécessaires, l’ensemble du T.B.M. reste globalement inchangé et souvent sous-utilisé par de nombreux praticiens récents. Pourtant, ce document devrait être une référence incontournable pour toute construction à Madagascar.

En parallèle, la loi n°99-016 du 19 août 1999 sur la Maîtrise d’Ouvrage existe, mais sans décret d’application, elle reste inexploitée. De même, la norme sur la brique de terre compressée, sur laquelle nous avons travaillé avec tant de soin, n’a jamais reçu le soutien institutionnel nécessaire pour être présentée au Conseil des ministres. Ce manque de concrétisation légale freine la mise en œuvre de mesures qui pourraient améliorer considérablement la sécurité des constructions à Madagascar.

Je vous ai souvent parlé des règles générales de construction, un mythe qui aurait dû avoir un rôle essentiel dans l’amélioration de la sécurité des bâtiments. Pourtant, même avec la promulgation de la loi n°2015-052 du 3 février 2015 sur l’Urbanisme et l’Habitat, il semble qu’il n’y ait aucune urgence pour faire aboutir l’arrêté ministériel nécessaire…

* pour ceux qui pensaient qu’Internet avait été inventé uniquement pour animer les soirées sur Youtube, ça va paraître un peu aride mon profil car je continue à partager mes textes pédagogiques dans toute la splendeur et décadences. je vais aussi profiter des critiques de mes pairs et amis dans l’objectif de préparer du contenu dense et à jour en vue d’une consultance dans le domaine de la formation et de l’enseignement. ma communauté LinkedIn fournit pas mal en renseignements si jamais vous voulez entrer dans le jeu.

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