“Nous avons peut-être des gènes en commun mais nous ne partageons certainement pas la même culture.” on m’a dit hier soir

et c’était avec un énorme sourire, et un Tweet, qu’elle m’a accueillie dans son monde merveilleux. Celui où cette passionnée de généalogie a su partager ses découvertes sur ses racines américaines, européennes, africaines et, dans ce cas-ci, malgache. On a pris notre temps pour se connaître et les efforts qu’elle a entrepris pour collecter documentations et surtout un réseau très fort d’experts sur le sujet m’ont inspirées à transmettre autant de mon côté. Je le partagerai au fur et à mesure mais je profilerai Teresa, Griotte, Sofìa et pleins de mes nouveaux amis connectés par ces belles histoires dans l’Histoire.

Je n’ai pas eu encore l’occasion de vraiment exprimer à nos cousins très très très éloignés à quel point nous étions tous ici des grands passionnés de notre généalogie. Que nous étions systématiquement toujours à l’affût de connaître de quelle colline, de quelle vallée/lavaka/adivory, de quel village, de quelle rivière menant à unetelle embouchure, de quel coin du pays le quidam qu’on rencontre a puisé ses racines. Une espèce de manie, parfois gênante il faut se l’avouer, est celle de chercher à savoir où l’on sera enterré/retourné surtout pour ceux qui apprécient la pratique tsy hita izay maha ratsy azy. Mais cette obsession pour le Loharano nous a laissés docilement aussi oblitérer les maux du Passé et les vérités du Présent sur notre société. Nous sommes toujours automatiquement prônes à nous comporter comme des individus sectaires, ségrégationnistes et toujours très ancrés dans le système des castes (supposément légalement disparu dès 1896). Et même si la situation a évolué, sur le sol malgache il sera toujours nécessaire sociétalement de bien caler untel dans le tiroir bien classé de unetelle catégorie. 

Je dis bien Nous, quelque soit le Foko et l’apparence, comme nous parlons la même langue et pratiquons la même religion animiste sous 3 couches de syncrétismes (on a tous le contact d’un bon ombiasy pour caler nos calendriers, non?), Nous, contrairement à ceux descendants des diasporas pré-19è siècle avec qui nous avons des gènes en commune, ici Nous partageons la même culture. Et combien même on m’exposera par la théorie X de la thèse Y que les tribus de Madagascar ne se reconnaissaient pas comme un seul peuple identitaire. Je suis d’ailleurs plongée dans une lecture passionnante de la notion de nationalisme traitée sous le prisme du colonialisme que je résumerai à un moment ou un autre. Nous avons été tous Malagasy, Malgaches, Mangaches dès le débarquement du 1er Vazimba, peu après du 1er Bantou (piste que je dois encore explorer) et 2 siècles plus tard de la 2è Austronésienne. Je voulais donc par le biais de cette introduction au chapitre 5 de ma série #diaspora révéler plus clairement que même après presque 5è siècle que les descendants des foko des Andrianjaka (règne 1612-d.1630), Andriandahifotsy (b.1610-d.1685) et autres rois guerroyers et pourvoyeurs des victimes de la traite sont bien là toujours au même endroit dans les mêmes enclos de tamboho ou de tsilo mais genre on n’a pas vraiment bougé physiquement, ni géographiquement, ni mentalement. 

d’ailleurs j’ai l’intention de creuser un peu plus sur notre propre version insulaire de la Théorie de l’Invention de la Tradition mais bon là je dois lancer un appel d’offres et un chantier so busy busy bee. mais les lectures des premiers éminents africanistes post-coloniaux en valent vraiment la peine.

donc si sous nos latitudes on se soucie encore de vouloir revenir à nos sources et s’y faire enterrer/retourner, je me rends compte que naturellement les communautés exilées de force par nos 4 siècles de traite des esclaves voudraient aussi quelque part savoir d’où leurs ancêtres ont été extirpés. mais je ne pense pas que je pourrai faire cela toute seule. donc à mes amis et lecteurs, personnes normales citoyens de bonne foi, comme moi, rejoignez-moi dans cette démarche si vous avez senti la nécessité d’éclairer les ombrages du Passé de notre si belle civilisation. Et que franchement, tellement évident mais il faut le mentionner tout le temps, donc sincèrement si vous reconnaissez que les erreurs du Passé ne soient pas celles de notre génération. Et que cela soit supra clair par ici qu’en 2023 qu’un Malgache correct ait des cousins Vezo, des meilleurs amis Karana, une belle-soeur Chinoise, un passeport Canadien et écrive mieux le Français que sa langue natale. bref que si vous reconnaissez franchement que ces ormertà continuent à stigmatiser notre société et visiblement iront saper la modernité de nos futurs petits-enfants en 2053, alors allons ensemble nous reconnecter à nous-mêmes par ce petit prétexte de connecter à nos diaspora car assurément nous allons aussi connecter entre voisins et descendants de castes. 

je vous garantie d’ailleurs que cela sera certainement un chemin du combattant mais c’est à nous maintenant aujourd’hui de nous engager à mieux écrire notre Histoire.

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