Si maintenant nous avons retrouvé la trace par ADN des ancêtres austronésiens des malgaches, les Banjar du Kalimantan arrivés vers le 8è siècle durant l’ère proto-islamique bien influencés par l’Hindouisme et le Sanskrit après avoir colonisé les Comores, l’Histoire a démontré aussi que des africains ont été déplacés vers l’archipel indonésien durant la domination islamique de la route maritime de la soie.
Des Africains, peut-être même des Malgaches, en Asie dès le 10è siècle ?
Je ne sais pas encore si je vais caler sur cette piste mais je vais me laisser voguer au flow. Les sépultures de Vohémar marque une présence coloniale sur l’île depuis le 9è siècle.
On parle aussi d’une exploitation de Fer une concession des Javanais autour du 12è siècle où les circulations de personnes auraient pu bien s’effectuer dans les 2 sens avec en échange d’habitants pour leur comptoir un transport d’une main d’oeuvre servile vers l’Est.
Le peuplement de l’île est donc aussi un fait de colonisation. Fruit d’une occupation permanente du grand réseau de commerce triangulaire de l’Austronésie. Celui-ci est composé de routes du commerce antique et séculaire datant du 1er millénaire proto-islamique allant jusqu’au 15è siècle.
En Afrique de l’Est, un commerce avec l’océan Indien pourrait avoir débuté dès l’âge de bronze. On a en effet retrouvé des formes précoces de mil spécifiquement africain, en Arabie ou dans le Nord de l’Inde, dès la fin du troisième millénaire avant l’ère commune. De même, dès 2500 avant notre ère, des objets fabriqués en résine de trachylobium (copal) auraient voyagé d’Afrique de l’Est vers la Mésopotamie. Il pourrait cependant s’agir de transferts ponctuels, indépendants des populations africaines comme de tout commerce. En revanche, un port commercial important émergerait peu avant notre ère avec Rhapta, sur la côte tanzanienne actuelle. On y aurait échangé des perles de verre et des outils en fer importés contre de l’ivoire, des cornes de rhinocéros et des carapaces de tortue. Au Ier siècle de notre ère, Rhapta était supervisé par le gouverneur de Mapharitis au Yémen. La taxation et la régulation du commerce y étaient affermées à des marchands originaires du port de Mocha, souvent mariés à des femmes de la région (Casson, 1989). Mais les apports les plus fondamentaux, en Afrique de l’Est, allaient être ceux des populations d’origine austronésienne. Blench (2009) a étayé l’idée de leur arrivée précoce, dès la première moitié du premier millénaire avant notre ère, sur la base des découvertes de phytolithes (microfossiles de cellules végétales) de plantain au Cameroun. La présence de ces populations est attestée sur la côte dans la phase d’expansion du premier cycle systémique. Elles auraient ensuite migré vers Madagascar, sans doute avant le VIIe siècle, et y auraient acclimaté beaucoup de plantes asiatiques (grande igname, cocotier, safran d’Inde, taro, banane, canne à sucre, riz). Le poulet et peut-être le porc seraient deux autres transferts importants.
NOREL Philippe, « Les relations économiques afro-asiatiques dans l’histoire globale », Revue Tiers Monde, 2011/4 (n°208), p. 27-44. DOI : 10.3917/rtm.208.0027. URL : https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2011-4-page-27.htm
Lungulya ou Jazirat al-Qamar, l’île de la Lune, Madagascar occupée par des Bügiyyin, Bouki ou Oua-bouki en Swahili comme nous appellent encore nos voisins des Comores aujourd’hui. et on y retrouve la Lune. un indice immense lorsqu’on sait la croyance des malgaches pour tout ce qui est lunaire ou bien une erreur de traduction. En citant les géographes arabes dès le 9è siècle dont Muhammad al-Idrisi qui a dessiné les premières cartes de l’Océan Indien et semble indiquer qu’ “aucune relation maritime directe au 12è siècle n’existait plus entre Sumatra ou les îles avoisinantes et le continent africain.
ou plutôt l’originale
C’est par l’agronomie que je reviens sur les traces des diaspora quand les marins (souvent pirates) arabes mentionnent le Waq-Waq, un arbre mythique qu’on rapproche du Pandanus qu’on retrouve dans toute la région Austronésienne orientale et australe dont Madagascar avec le Vakwa et l’Indonésie chez les Bataks. le al-Wakwak serait aussi un archipel d’îles dans la partie orientale de la mare indicum mais pourrait aussi être la fascinante île de la lune, “komr” .
In the Kitab al-Bulhan, the painting titled the ‘Tree of Waq Waq’ is rather extraordinary because it illustrates the way in which the all-female population reproduces and self-perpetuates. Female figures grow from the tree as if they mature like fruit until they are ripened and they drop to the ground emitting a cry that sounds like ‘Waq Waq
Les jĕŋgi ou plutôt Zangī (mot dérivé du Persan…je me vois donc trouver un chapitre sur cette région bientôt) nomme les esclaves provenant de l’Afrique de l’Est plus particulièrement de Zanzibar et d’Ethiopie. Je me suis mise à googler “komr” et que voilà Wikipedia :
Dans son Livre des merveilles de l’Inde, le capitaine persan Ibn Shahriyar rapporte le témoignage d’un marchand arabe du nom d’Ibn Lakis qui, en 945, voit arriver sur la côte du Mozambique un millier d’embarcations montées par des Waq-Waq qui viennent d’îles « situées en face de la Chine » chercher des produits et des esclaves zeng, mot arabe qui désigne à l’époque les habitants de la côte est de l’Afrique.
Au 13è siècle, on apprend aussi que des malgaches avaient conquis et occupé une des plus grande ville du Yemen de la riche corne de l’Afrique. Je remercie les chercheurs qui ont beaucoup nourri la revue Omaly sy Anio pour leurs réflexes polyglotes, arabico-malgachisants en plus de lire le sorabe et les géographes arabes. J’admets aussi avoir beaucoup de mal à dater les évènements d’où mon honnêteté à juste englober ces manoeuvres entre le 8è et le 15è siècle. Mais sans aucun doute je pense revenir sur tout ceci dans quelques temps après avoir bien digéré les données et en sortir une belle frise chronologique.
“Les peuples d’Al-Komr avaient l’habitude de quitter Al-Komr pour atteindre Ader (Aden?) en bateaux et en utilisant une seule mousson, mais ces peuples ont maintenant disparu depuis qu’ils ont perdu leur pouvoir et depuis que l’itinéraire de leur voyage a été fermé…”
On reconnaît aussi que les vaincus des guerres tribales ou les endettés avaient très tôt déjà fourbi les marchés sur le continent et par extension exilés par les passeurs vers des contrées aussi lointaines que le Moyen-Orient ou de la partie orientale de l’Océan Indien.
The painting shows the slave market in Zabid, in the Yemen. Then an important town. This scene involves the purchase of a slave. Here is the boy (says Abu Zayd masquerading as a slave merchant)…. I which to make you fond of the lad by lightening the price for him, so weigh out two hundred dirhams
mais il ne fallait pas aller bien loin pour tomber sur une première découverte satisfaisante et donc la suite de ou plutôt le prélude du chapitre précédent. je découvre aussi qu’il faille aussi se plonger dans les archives en chinois ou les interprétations des inscriptions javanaise (dont les Karangtengah inscription ou les Waringin Pitu inscriptions pour glaner des informations sur la période pré-1500 de la traite dans l’Océan Indien spécifiquement du 8è au 14è siècle par les Perses puis les Arabes.
Enslaved Black people were only one of many commodities in Arabia’s large-scale maritime trade with China, which peaked during the Tang and Song Dynasties (960-1275). Implicitly, the brief information shows that the existence of enslaved Black people in Java was linked to the trade conducted by Persians and people from East Indonesia. It shows that work in Java from the 7th century AD to the 15th century AD was performed with various nations. The king used the existence of enslaved Black people in Java as a way to gain spiritual “strength” from their skin colour, which was different from the Javanese society.
S. Maziyah, “Analysing the Presence of Enslaved Black People in Ancient Java Society,” Journal of Maritime Studies and National Integration, vol. 6, no. 1, pp. 62-69, Jun. 2022. https://doi.org/10.14710/jmsni.v6i1.14010
me voilà donc un samedi soir à lire en diagonale les 311 pages du grand historien chinois du 13è siècle Ju-Kua Chao ou Zhao Rukuo qui relate d’après des témoignages des marchands et explorateurs asiatiques pour apprendre que malgré leur hospitalité des habitants d’une “contrée entourée de mer, une grande île, localisée au Sud-Ouest” ont été aussi déportés vers l’empire Ta-shï à prix d’or. Et c’est là que je passâtes la moitié de ma soirée à identifier cet empire de destination qui est en fin de compte l’Empire romain d’Orient. La chute de Rome datant de -476, nous risquons donc de retrouver nos déportés à Antioche. fiou.
Mais si l’île de Pemba, les Zangī, et ses éléphants sont bien identifiés, Madagascar n’est décrit que par ses merveilles végétales et animalières. En l’absence de récits écrits clairs et de preuves archéologiques (à date), on pourrait tout de même aussi soupçonner les foko de l’île de “komr” ont aussi subi les augures de la mousson qui a changé le destin des hommes et des femmes de l’île de la Lune… tous assujettis à leur vintana quoi.
comme il reste encore à trouver des écrits des voyageurs, marchands et géographes du Golf Persique pour nous relater la situation des diasporas africaines avant le 1er millénaire, je vous partage ici des photos d’archives prises en Iran au début du 20è siècle. car je vais encore prendre un bail avant de trouver quelque chose
So far Khosronejad has collected around 400 photos, which he is planning to gather in the first-of-its-kind visual analysis book on African domestic servants in Iran. He is also preparing several related exhibitions around the world.
The work is sensitive. “There are some Qajar families who have issues with the term ‘slave’,” Khosronejad explains. “They say what their families had were domestic servants and they were not treated as slaves. This might be correct, but slavery is slavery and we should be able to talk about it openly.”
The Guardian : The face of African slavery in Qajar Iran – in pictures
https://www.theguardian.com/world/iran-blog/2016/jan/14/african-slavery-in-qajar-iran-in-photos
ou pas….
donc il est presque 17h au 3è jour de mes pérégrinations dans les abysses de l’Histoire. J’ai décidé de plonger encore plus loin dans le temps et dans la géographie pour retracer nos diaspora asservies par la traite des esclaves. Si quelques paragraphes plus haut, nous étions passés par Java, la Chine, le Moyen-Orient, maintenant nous sommes arrivés en 2023 … en Iran, en Afghanistan en Inde, au Pakistan, Sri-Lanka
Mirzai, whose research focuses primarily on the modern period of slavery in Iran, explained that Gulf-Arab traders – dominated by the Sultanate of Oman, which controlled vast regions bordering the Indian Ocean – brought slaves to Iran from northern and northeastern parts of the African continent, including Tanzania (Zanzibar), Kenya, Ethiopia and Somalia.
Séquelle de l’Histoire, ces communautés qui ont été déplacées de force et qui ont pris racine dans leur terre de destination…n’ont pas de statut et ne sont même pas recensées dans les statistiques de la population (ils sont estimés à 11 000 000).et je profite de cette note triste pour placer l’entracte musicale de ce post déjà kilométrique et découvrir la musique Bandari utilisant des instruments à percussion.
In ancient Islamic literature, Ethiopians were referred to as al-Habasha. Mirzai said that as a result, many slaves took the last name “Habashi” when they came to Iran, to indicate their Ethiopian origins. Slaves from Zanzibar, meanwhile, might take the last name Zanzibari, she said.
A History Of Afro-Iranians
d’où j’apprends que ces communautés perpétuent le système de castes ne permettant pas à l’ascension sociale et maintenant les plus vulnérables dans une situation économique précaire. Les Durzadehs, descendants des marins africains, sont en haut de l’échelle sociale et ne se mixe pas avec les Ghulam’. . Ils ont aussi pour réputation d’être des “chasseurs de perles” et sont d’origine de Zanzibar ou d’Éthiopie.
ces liens qui très rapidement me balancent vers les Afro-Baloch et toute documentation sur leur culture qui définit bien leur marginalisation. . Balochi ou vagabond, une appellation appropriée pour un peuple maudit à l’errance dans le désert. Cela n’a pas beaucoup changé après plus de 2000 ans d’exploitation humaine par … les humains.
Nous continuons le voyage en découvrant les Sheedis du Pakistan appelés aussi les Makranis sans doute arrivés en même temps que les communautés du Golf Persique dès le 12è siècle et et les Kaffir du Sri Lanka arrivés avec les Portugais de Goa au 16è siècle. . La particularité de ces descendants résident dans le fait que leurs origines soient toujours remis en question de nos jours. Les Sheedis présents depuis 650 avant JC ont composé l’armée du Grand Moghul dont l’épisode de Sid Badr qui a levé une armée de 30000 hommes dont 5000 Éthiopiens en 1490 dans le Bengal et 350 ans plus tard de Hosh Mohammed Sheedi en 1843 qui a combattu contre le colon anglais. Si nous observons bien, ils ont su préserver leurs traditions bien que très assimilés religieusement. D’origine Bantoue en majorité, les Kaffir du Sri Lanka se sont dissolus dans la société mais tiennent à se rappeler leur identité bien qu’ils soient passés de 6000 à 300.
Je constate que la culture africaine en Asie est encore bien vivante, après revue des statistiques dans les archives des bateaux esclavagistes, il a été démontré que certains malgaches ont bien été expédiés en Moyen-Orient, dans le Golf Persique et en Asie du Sud-Est au fil des siècles mais je suis certaine qu’avec un peu plus de ressources et de la chance, on pourrait en retrouver des indices. Les récents progrès en généalogie par test ADN ont révélé efficacement les origines des individus et permettraient de connecter les diasporas.
Je clôture ce périple en partageant un peu sur le Baila que je trouve vraiment vraiment très proche du Sega.
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quelques sources :
Histoire générale de l’Afrique: études et documents, Meeting of Experts on Historical Contacts between East Africa and Madagascar on the One Hand, and South East Asia on the Other, across the Indian Ocean, Port Louis, 1974
THE AFRICAN DIASPORA OF THE INDIAN OCEAN
O.CH. Dahl, Migration from Kalimantan to Madagascar, Oslo, Norwegian University Press.
The archaeology of knowledge: Austronesian influences in the Western Indian Ocean, Claude Allibert, 1999, Archaeology and Language III
Analysing the Presence of Enslaved Black People in Ancient Java Society Siti Maziyah
Department of History, Faculty of Humanities, Universitas Diponegoro – Indonesia DOI: https://doi.org/10.14710/jmsni.v6i1.14010
Slaves on the Silk Road By Susan Whitfield, author of Silk, Slaves, and Stupas: Material Culture along the Silk Road
Chau Ju-Kua: his work on the Chinese and Arab trade in the twelfth and thirteenth centuries, entitled Chu-fan-chï
by Chau Ju-Kua, 13th cent; Hirth, Friedrich, 1845-1927; Rockhill, William Woodville, 1854-1914
News Line Magazine Did Europeans Discover Africa? Or Was It the Other Way Around? Isaac Samuel
Les relations économiques afro-asiatiques dans l’histoire globale Philippe Norel, Dans Revue Tiers Monde 2011/4 (n°208), pages 27 à 44
The Conversation, How the Banjar people of Borneo became ancestors of the Malagasy and Comorian people
Allibert Claude. Le mot Ķomr dans l’Océan indien et l’incidence de son interprétation sur l’ancienneté du savoir que l’on a de la région. In: Topoi, volume 10/1, 2000. pp. 319-334;
doi : https://doi.org/10.3406/topoi.2000.1883 https://www.persee.fr/doc/topoi_1161-9473_2000_num_10_1_1883
Philippe Beaujard. Les plantes cultivées apportées par les premiers Austronésiens à Madagascar. C. Radimilahy et N. Rajaonarimanana. Civilisations des mondes insulaires – (Madagascar, îles du canal de Mozambique, Mascareignes, Polynésie, Guyanes), Karthala, pp.357-385, 2011. ffhalshs-00707909f
Les zavaga ou zabaga indonesiens (= vazaha), artisanse ttrafiquantsd ufer, commercantsoupirates? amadagascar
et aux comores, aux xiie-xiiie siecles
par Jean-Claude HEBERT* OMALY SY ANIO, N° 37-38, 1993 (1995), pp. 13-62
The Women Who Captivated Muslim Travelers of the Middle Ages
KORN, A., & NOURZAEI, M. (2019). Notes on the speech of the Afro-Baloch of the southern coast of Iran. Journal of the Royal Asiatic Society, 29(4), 623-657. doi:10.1017/S1356186319000300
BBC News India’s lost Africans: Your response http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1077982.stm
The Siddis Lost Tribe of Africa