avant Juin 2009, je n’avais manifesté aucune appréciation envers le Jazz. bien sûr il y a eu les events du Madajazzcar qui ont activement animé la scène culturelle malgache depuis la fin des années 80 et surtout dans les années 90 où on profitait de ces sorties pour … sortir mais sinon bof quoi.
Voilà que débarque ma Camilou et mes 10 années de nuits blanches déjà fortement écourtées par les charettes du boulot et mes nerfs partaient pratiquement en vrille à partir d’un certain niveau de décibel ou quand les fréquences atteignaient un certain rythme. bref tout ça pour dire que le Post-Partum (qu’il faut prendre très au sérieux) m’a fait apprécier le Jazz et l’harmonie des instruments à vent et des cordes déjà très bien intégrés dans notre musicographie (merci au syncrétisme à la sauce malagasy)
ce qui me choque surtout, c’est cette sensation de réveil. J’ai pris conscience que les sonorités de mon enfance étaient un mélange captivant de George Benson avec les Frère Jacques, Tia Zaza et Dormez-vous tout naturellement. Cela me rappelle une soirée froide à la fin de l’hiver, au début de Lohataona, dans un hangar à Alarobia. Je m’en souviens bien car on se les gelait et mon cousin insistait pour utiliser nos Pass du Madajazzcar pour aller voir cet artiste qu’il jurait être le futur de la musique. et donc nous voilà en mode sortie de famille : moi boudeuse comme d’habitude, maman, le cousin insistant et surtout surtout le grand-frère de maman totalement accro au Jazz qui lui a fait le pied de crue là devant là devant la scène alors que tout le monde était bien assis avec son THB sagement selon le fahalala fomba tananarivien et donc on a découvert Silo Andrian . mais les amis quelle révélation ! Je fais d’ailleurs un clin d’oeil à cet ami au Québec qui m’a passée son album Rimorimo non stop sur notre trajet aller-retour Ottawa-Trois-Rivières en 2001, ça marque ça c’est sûr !
donc tout ça pour dire si ces derniers temps j’ai récemment développé une stratégie efficace pour naviguer à travers les défis et perturbations, soubresaults et tourmentes de la vie quotidienne, tant domestique que professionnelle à Madagascar, ce sera définitivement grâce à ce que Wikipedia définit du son Jazzy Malagasy : la rythmique ternaire et l’improvisation. En particulier, le rythme 6/8, Ba Gasy, qui résonne dans tout l’Océan Indien et qui lie notre île du nord au sud, d’est en ouest, à l’image du Ravitoto qu’on apprécie à la même sauce tous ensemble en bon Fihavanana. Pis l’impro… wow….Face à mes rituels quasi obsessionnels et ma quête incessante d’ordre et d’ordonnancement, j’ai compris que je risquais de sombrer dans la folie si je n’apprenais pas à m’écarter des règles établies, adoptant ainsi une méthode plus pragmatique, à l’image de ces compositeurs qui créent sans vraiment créer. Cette révélation m’a véritablement sauvée, en particulier depuis que j’ai arrêté relativement brusquement le chocolat , le sucre (y compris l’alcool) et tout ce qui est gras, ces fausses sources de bonheur qui ne sont en réalité que des placebos nuisibles à l’organisme et surtout à la santé mentale.
comme ces petits bonbons qui se dissolvent pour apaiser son anxiété, les flûtes sodina mélangés avec la vibration de la valiha avec un fond de basse et le tempo du Kabosy et de la douceur de l’accordéon qui s’intensifie….la musique malgache et ses voix à multiples dialectes tempère très efficacement (et de manière économique et saine quoique très bruyamment) mes journées et mes tribulations architecturales. car on aura beau vanté les mérites et vertus de la méditation et du yoga, je reste convaincue que vivre à Madagascar (ou plutôt y survivre) prendra un peu plus que le doux gospel du spiritualisme d’apparence. nope. ça demande de danser et avancer comme si on participait à un Bal poussière improvisé un mardi soir sur la place du village près de la plage de Mangily comme en 1999 avec la regrettée reine du Tsapika Rasoa Kinike ou en 2024 en pleine scène hip hop à Andavamamba et comment je regrette d’avoir raté le concert de Monika Njava de samedi mais tout le monde sait déjà ce que j’ai fait ce week-end.
ce post est dédié à ma Meilleure, C., avec qui je passe parmi les meilleurs moments de l’année lorsqu’elle débarque au Madajazzcar avec THE band qu’elle aura choisi et nous surprend avec sa belle voix de Bossa Nova chantant son coeur sur une belle plage Madirokely.
copyright photo : Haingo R.
John Coltrane – My Favorite Things (1961) https://www.youtube.com/watch?v=UlFNy9iWrpE
Antonio Carlos Jobim – Wave 1967 https://www.youtube.com/watch?v=a6KDpB6skA4
Avaradoha, Serge Rahoerson (1972) https://www.youtube.com/watch?v=GSLsL5zvceQ
Rimorimo, Silo (2001) https://www.youtube.com/watch?v=5Za0Ok5h0Rg
Ramafadrahona, Bakomanga, https://www.youtube.com/watch?v=jWwRKLOBanM
Mafy, Régis Malaso, https://www.youtube.com/watch?v=4yirdx9Ao9o
Manambady Mapirafy, Rasoa Kinike https://www.youtube.com/watch?v=46cKqHeP3wEhttps://www.youtube.com/watch?v=46cKqHeP3wE
Sabata, Andavamamba https://www.youtube.com/watch?v=WemUkVq5LFQ&list=RDWemUkVq5LFQ&start_radio=1&rv=q0gowfRkmHg
Monika Njava, avec le groupe Island Jazz (Madagascar) Une surprenante version de ” I don’t mean a think” (2020) https://www.facebook.com/jazzmayotte/videos/282597429605644/